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>Genre & Climat>Exemplarité et leadership

Plaidoyer politique de la France en matière d’égalité entre les femmes et les hommes

Évaluation2/3

En dépit de son rôle de présidente de la COP21 et de son devoir de « neutralité » qu’il imposait, la France a joué un rôle de premier plan en décembre 2015 dans le travail de mobilisation des différents blocs de négociations, qui a abouti à l’intégration des enjeux de droits humains et d’égalité de genre dans le préambule de l’Accord de Paris. Depuis, la France a continué de mettre à profit sa diplomatie au service d’une action conjointe contre les changements climatiques et les inégalités de genre, dans plusieurs enceintes pour rallier un panel varié d’acteurs et d’actrices. Elle a impulsé la tenue de plusieurs side-events sur les enjeux de financements climat intégrant le genre à la veille de la première édition du One Planet Summit en décembre 2017 et lors de la COP24 à Katowice en Pologne en décembre 2018), en collaboration avec d’autres gouvernements, des organisations de la société civile du Nord et du Sud, les Nations unies, le Fonds Vert pour le Climat. Ces événements ont notamment permis de mettre en évidence les barrières rencontrées par les femmes et organisations pilotées par des femmes pour accéder aux financements climat et d’échanger sur les solutions pour y remédier. Lors de la COP25 à Madrid en décembre 2019, la France a aussi travaillé en partenariat avec ONU Femmes, les gouvernements du Mexique, Costa Rica, Chili et du Pérou et le secrétariat de la Convention sur la diversité biologique sur la tenue d’un side event sur la promotion et le leadership des femmes en faveur d’une action environnementale durable. 

En dehors de la CCNUCC, la France s’est saisie de plusieurs échéances diplomatiques pour dynamiser une action conjointe autour de genre et climat. Ainsi, lors de sa présidence du G7 en 2019, placée sous le signe de la lutte contre les inégalités, elle a initié en mai 2019 la coalition GREAT (Gender Responsive Environmental Action & Training)13. En novembre 2020, lors du 1er sommet Finance en commun,  la France a joué un rôle important dans la négociation de la Déclaration de Paris des banques de développement pour l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes14 signée par 25 banques de développement (BPD) dont l’AFD. Les signataires se sont engagées à renforcer l’engagement des BPD en faveur de l’égalité entre les sexes grâce à une stratégie institutionnelle sur ce sujet, augmenter la part des flux financiers en direction d’opérations sensibles au genre, contribuer à des politiques de lutte contre les changements climatiques sensibles au genre et améliorer le dialogue et la collaboration avec l’ensemble des parties prenantes sur la question du genre, notamment la société civile féministe.

Dans le cadre du Forum Génération Égalité organisé en juillet 2021 et co-piloté par la France, le Mexique et ONU Femmes, une coalition d’action intitulé « L’action des femmes pour la justice climatique »15 a été lancée, réunissant des États (Costa Rica, Maldives), des agences des Nations unies et organisations internationales (secrétariat de la CCNUCC, Programme des Nations unies pour le développement, l’Union internationale pour la conservation de la bature, etc), des organisations de la société civile du Nord et du Sud (Women’s Environment and Development Organization, l’Alliance panafricaine pour la justice climatique, Diva for Equality, etc), des organisations pilotées par des jeunes (Green Hope, Girls for Climate) et des entreprises et fondations (Global Greengrants Funds). Cette coalition compte accélérer les efforts visant à renforcer la participation des femmes et des filles aux processus de décision et politiques liés au climat, à améliorer leur accès aux financements, à la technologie et aux savoirs liés aux climat, et à garantir l’intégration des enjeux de justice de genre dans l’économie verte.

 

13. Son objectif était de « soutenir la collecte et l’utilisation de données ventilées par sexe en vue d’élaborer des politiques environnementales sensibles au genre, offrir des possibilités de leadership aux femmes et leur permettre de manière équitable à la prise de décisions en matière d’environnement et de climat, et ouvrir un forum de dialogue et de partage des bonnes pratiques ».

14. https://tinyurl.com/3m4we3p3

15. Pour plus de détails sur la coalition, voir pp86-102 : https://tinyurl.com/wrb9xjb8

Gardienne de l’Accord de Paris, la France use de son influence diplomatique depuis plusieurs années pour maintenir un espace de réflexion et d’échange sur les manières et ressources nécessaires pour lutter de concert contre inégalités de genre et la crise climatique. Cependant le principal livrable résultant de cette mobilisation (la coalition GREAT) n’a pas suscité l’enthousiasme escompté et n’a pas donné lieu à des actions concrètes. Si la déclaration sur l’égalité de genre adoptée lors du sommet Finance en commun a le potentiel d’impulser un changement notable des pratiques des banques de développement, il est encore trop tôt pour pouvoir juger de son impact. Enfin, il est regrettable que la France ne se soit pour l’instant pas positionnée comme membre active de la coalition d’action « L’action féministe pour la justice climatique », notamment pour collaborer et apprendre des autres acteurs, en particulier les États-champions venant exclusivement du Sud.

La désignation en 2019 de la personne point focale Genre et Climat comme lead de l’UE dans les négociations Genre dans le cadre de la convention climat témoigne de la reconnaissance et confiance accordée par les pairs à la France sur le sujet. Cela est d’autant plus notable que les négociations sur le renouvellement du plan d’action Genre, qui ne faisaient pas partie des sujets les plus controversés de la COP25, ont failli atteindre un point de rupture en fin de première semaine avant de s’achever sur un accord plutôt ambitieux. 

Il est essentiel que la France place le curseur de l’ambition à un niveau plus élevé en matière de plaidoyer. Elle doit contribuer à l’adoption d’initiatives concrètes, mesurables avec un potentiel d’impact transformatif permettant aux femmes de pouvoir développer et répliquer des solutions en faveur du climat et de la biodiversité, et de participer aux décisions nationales, régionales et internationales relatives à ces enjeux. 

La France doit également s’assurer que les actions et engagements sont accompagnés d’un réel mécanisme de redevabilité avec une communication transparente et régulière sur les avancées et les blocages. Enfin, dans la continuité de sa mobilisation depuis 2015 sur les enjeux de Genre et Climat, Coordination SUD recommande vivement à la France de rejoindre la coalition « Action féministe pour la justice climatique » mise en place lors du Forum Génération Égalité.