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>Énergie & Climat>Renforcement des capacités et accompagnement des politiques énergétiques

Soutenir les pays en développement pour développer des stratégies de transition énergétique justes

Évaluation2/3

L’article 11 de l’Accord de Paris est consacré au renforcement des capacités des pays en développement, notamment des pays les plus vulnérables. Ces capacités concernent l’adaptation aux changements climatiques et la définition de stratégie d’atténuation ambitieuses. Les parties signataires de l’Accord s’engagent donc à coopérer pour appuyer le renforcement des capacités des pays qui le nécessitent.

L’un des engagements de la France, pris dans le cadre du  One Planet Summit  est également de « continuer à soutenir les pays et les partenaires pour accélérer l’action et l’ambition climat d’ici à 2020, y compris le développement de trajectoires de long-terme de décarbonation à 2050 et de stratégies pour atteindre les émissions nettes nulles, et promouvoir des actions de court terme qui fournissent les éléments pour atteindre ces trajectoires de développement de plus long terme. »

Le travail de la Facilité 2050

Via la facilité 2050, des discussions techniques ont lieu entre des bureaux d’études et les bénéficiaires (ministères de l’énergie et/ou de l’économie des pays hôtes). Aujourd’hui des projets sont par exemple en cours en Algérie, Pakistan, Cambodge, Cote d’Ivoire et Indonésie incluant du travail de modélisation. L’accompagnement des politiques est un processus de long terme délicat qui doit fournir des outils pour développer des stratégies ambitieuses sans pour autant venir imposer des objectifs.

La Facilité 2050 soutient notamment des projets pour développer des stratégies de développement bas-carbone de long terme. Le projet Deep Decarbonization Pathway porté par l’IDDRI fait ainsi de l’assistance à maîtrise d’ouvrage dans certains pays. L’objectif est d’outiller et de faire monter en compétences des organisations partenaires locales sur le long terme, ces organisations partenaires venant d’instituts de recherche ou d’universités pour s’assurer la portée à long terme du soutien. Ce travail vise principalement les pays du G20 et doit permettre d’éviter que les pays en développement ne s’enferment dans l’exploitation des énergies fossiles. Cet enjeu est central pour éviter que des pays possédant des quantités importantes de ressources fossiles ne soient exposés à des projets d’exploitation de ces ressources qui seraient incompatibles avec l’Accord de Paris. Si des règles existent pour interdire ces exploitations dans les pays européens, rien n’est fait aujourd’hui pour éviter ce genre de projet dans les pays en développement.

L’AFD s’engage au renforcement des capacités sur deux aspects :

  • Au niveau technique avec l’opérationnalité des organismes opérateurs électriques ;
  • Plus largement avec des actions de renforcement à plusieurs niveaux (administrations, collectivités, institutions…).

L’AFD propose ainsi du soutien aux décideurs et décideuses dans la définition de politiques publiques notamment au travers de la Facilité 2050, créée en 2018. Un appui spécifique est donné à l’accompagnement de stratégies de transition énergétique.

Le renforcement de capacités présente un double enjeu :

  • Permettre aux pays soutenus d’avoir des objectifs précis et ainsi d’identifier leurs besoins pour la transition énergétique ;
  • Aligner les exigences des organismes bailleurs avec ces stratégies pour faire le lien avec les ONG de terrain.

De nombreux apports techniques sont donc apportés par la France aux pays en développement pour soutenir la réalisation de politiques énergétiques alignées avec l’Accord de Paris. La concrétisation de l’engagement de la France apparaît donc pertinente. Cependant, un effort particulier pourrait être porté à l’inclusion des acteurs et des actrices de la société civile pour améliorer la pertinence de ces politiques avec la réalité du terrain.

La notion de transition juste29, identifiée comme un enjeu central dans l’Accord de Paris, n’est pas assez clairement définie comme un sujet prioritaire dans les actions menées par la France dans son travail de renforcement des capacités. Cette ambition pourrait être plus forte.

29.  La transition juste est un concept clé dans la lutte contre les changements climatiques défendant que la transition écologique et énergétique ne doit pas se faire aux dépens des enjeux sociaux et des personnes vulnérables.

Retours terrains

On note une considération grandissante pour l’intégration du renforcement de capacités dans les projets de développement. Ces activités étant clés pour la pérennité des projets et infrastructures, il est nécessaire d’investir massivement sur le sujet. Étant donné l’envergure des besoins, il est par ailleurs illusoire de considérer que le secteur privé seul parviendra à prendre en charge les dépenses associées.

  • L’incapacité des structures étatiques à partir “du terrain” et des problématiques qui y sont associées est un réel biais dans l’atteinte des objectifs liés à l’accès à l’énergie. Un des objectifs du renforcement de capacité réside également dans le fait d’instaurer un climat de confiance amélioré entre les opérateurs et opératrices terrain et les structures étatiques. Pour cela, il est nécessaire de permettre à ces parties prenantes de se rencontrer sur les terrains d’intervention, dans les conditions terrain, et de comprendre les problématiques rencontrées par les autres. L’enjeu pour les structures de l’État est de mettre leur personnel en capacité d’être plus présent sur le terrain avec une régularité effective de visites sur site aux opérateurs et opératrices.
  • Les ONG ont de plus en plus de mal à obtenir les financements nécessaires pour déployer des projets soucieux d’appropriation locale et de transfert de compétences ; les mesures d’accompagnement mises en place restent impuissantes pour répondre aux chimères du changement d’échelle qui s’étale sur des durées plus longues que les calendriers habituels des projets. Cela questionne aussi la pertinence des plans d’exploitation trop figés que développent certaines ONG : la modélisation est souvent mise en déroute par la réalité.
  • Sur le terrain, la professionnalisation des acteurs et des actrices passe par l’acquisition de capacités spécifiques, rendue possible par l’expérience progressive des ressources humaines, depuis les stages de formation à la mise en place de grands projets. Il s’agit donc de reconnaître qu’embaucher des jeunes / stagiaires dans le domaine spécifique de l’électricité constitue un investissement non seulement pour la structure mais également pour le secteur à part entière. Il semble alors important d’intégrer des fonds pour la formation et le recrutement de ces jeunes / stagiaires, notamment dans les propositions d’appels d’offres. pays d’intervention.

Concernant le contenu de l’aide apportée :

  • Renforcer la prise en compte de la notion de transition juste dans les politiques énergétiques des pays soutenus en explicitant le concept aux acteurs et actrices bénéficiant d’accompagnements et en œuvrant pour l’intégration de volets sociaux dans les enjeux énergétiques.

Concernant les cibles de cette aide :

  • S’assurer que l’aide proposée bénéficie également aux pays les moins avancés et pas uniquement aux pays ayant un niveau de développement intermédiaire.

Concernant la relation avec les acteurs et actrices de terrain :

  • Inclure les ONG de terrain dans la co-construction de politiques publiques liées à la transition énergétique.
  • Demander une approche territoriale et un volet sur le renforcement des capacités des acteurs et actrices locales dans tous les projets de développement.

L’essor d’un vivier humain de compétences locales est absolument nécessaire et intimement lié à la structuration du secteur. Dans ce but, mettre en place les moyens permettant aux opérateurs et opératrices de faciliter la montée en compétences des ressources humaines est une démarche à encourager. Les parcours de formation professionnelle dans les écoles et l’acquisition de capacités par l’expérience (stage, valorisation des acquis) doivent être rapidement structurés. Des moyens seront nécessaires aux organismes opérateurs afin qu’ils réalisent ces investissements, liés à la formation, utiles à l’ensemble du secteur.

Les institutions de coopération multilatérale (telle l’Union européenne) ou bilatérale (telle l’Agence française de développement) devraient également renforcer l’appui à la structuration d’une filière électrification rurale décentralisée (ERD) dans les pays du Sud, à travers des programmes spécifiques d’assistance technique (formation, méthodologie notamment) dédiés à :

  • la création et la gestion d’entreprise (fourniture et maintenance d’équipements, d’exploitation, gestion des déchets en fin de vie) au Sud ;
  • la professionnalisation des collectivités du Sud ;
  • la certification des produits distribués au Sud.