Une PAC solidaire avec le Sud
Exportations européennes
Le montant des subventions aux exportations de lait, de viande… qui ont porté préjudice à tant d’agriculteurs du Sud, a été fixé à… 0 € pour la période 2014-2020, par la Commission européenne, le 26 juin 2013. Pour autant cela ne suffit pour écarter tout danger de concurrence sur les marchés des PED.
En effet avec la disparition programmée des quotas laitiers, la PAC 2014-2020 ne comporte quasiment plus de mécanismes de régulation de la production européenne. L’agriculture européenne risque donc d’être confrontée à des situations de surproduction plus fréquentes. L’UE pourrait alors succomber à la tentation de réactiver les restitutions, pour écouler ses excédents sur le marché mondial. Il est donc important de supprimer définitivement celles-ci.
De plus depuis la réforme de 2003, un système plus habile remplace la plupart des aides aux produits (dont les restitutions), par des soutiens directs à l’hectare bénéficiant surtout aux exploitations les plus grandes (cultures) et les plus intensives (élevage). Ces aides constituent en moyenne près d’un tiers de leurs revenus. Cela permet à l’UE de vendre des denrées à un prix inférieur à leurs coûts de production. Si elles sont exportées, ces aides rendent généralement inutiles les restitutions. Mais pour les agricultures du Sud, le résultat est le même. Face à une telle situation, il est donc essentiel que l’UE accepte les demandes de protection des marchés agricoles des PED dans les négociations commerciales qu’elle mène avec eux
Importations européennes de soja
L’UE est le premier importateur mondial de graines et de tourteaux de soja pour alimenter son bétail. Elle s’approvisionne principalement au Brésil, en Argentine, aux États-Unis et au Paraguay. Or la production de soja est une des premières causes de déforestation en Amazonie et la production à grande échelle de soja peut provoquer l’expulsion d’agriculteurs familiaux dépourvus de titre formels de propriété. Il est donc indispensable de réduire la dépendance de l’UE aux importations de soja, notamment en développant des productions européennes alternatives telles que les légumineuses. Il est positif de constater que la réforme de la PAC va dans ce sens. Mais les mesures adoptées sont insuffisantes.
La Commission européenne doit publier un premier bilan de la mise en œuvre de la « nouvelle » PAC avant le 31 décembre 2018. Ce bilan n’inclut pas les impacts de la PAC dans les PED. Il sera adressé au Parlement européen et au conseil et pourra conduire à une révision de la PAC.
La C2A recommande donc au Parlement européen de publier un rapport sur les impacts de la PAC dans les PED avant le 31 décembre 2018.
A lire aussi
Découvrez la bande annonce du festival ALIMENTERRE 2024
L’argent qui détruit, enquête sur les liens entre la BNP et l’agro-industrie
L’espoir au-delà des crises : solutions ouest-africaines pour des systèmes alimentaires…