Aide publique au développement : de la parole aux actes !
Les ONG membres de Coordination SUD font quotidiennement le constat des déséquilibres du monde et des inégalités croissantes, des crises humanitaires et sanitaires et de la mise en danger des écosystèmes partout sur la planète.
Dans un monde toujours plus interdépendant, résoudre ces crises et réduire les inégalités relèvent de l’urgence. Cela implique un changement de paradigme dans la vision du modèle de développement dominant et des politiques de solidarité internationale ambitieuses ayant pour socle le respect et la promotion des droits humains.
L’aide publique au développement, un budget d’avenir sacrifié depuis trop longtemps
L’aide publique au développement (APD) permet d’agir dans des secteurs indispensables : santé, eau, éducation, activités économiques, infrastructures, Etat de droit, démocratie. Elle permet aussi de répondre aux crises humanitaires, de lutter contre le dérèglement climatique.
Mise en œuvre par des États, des ONG ou des collectivités, cette aide est un investissement d’avenir.
Les exemples où elle apporte des résultats ne manquent pas : scolarisation primaire massive dans certains pays africains, généralisation des vaccinations, infrastructures facilitant l’accès des petits paysans aux marchés régionaux, renforcement des systèmes judiciaires, etc…
La France a longtemps été un des acteurs clés de la communauté internationale en matière de développement et de solidarité internationale. Mais malheureusement depuis plusieurs années, elle décroche et ne fait plus de sa politique de solidarité internationale un des marqueurs de sa politique extérieure. En 2014 et en 2015, la France n’a consacré que 0,37% de son RNB à l’APD alors qu’elle s’était engagée à en consacrer 0,7% à la même date.
Son engagement budgétaire en matière de solidarité internationale ne cesse de se réduire et la logique instrumentale de son aide privilégiant les prêts l’éloigne de plus en plus des pays et des populations les plus vulnérables.
Coordination SUD appelle de ses vœux un pacte de solidarité en France et avec le monde.
Cela passe par le déploiement de moyens consistants en dons, l’atteinte des 0,7% dès le prochain quinquennat et la mise en place d’une taxe sur les transactions financières ambitieuse – française et européenne – en faveur de la solidarité internationale tout en assurant la cohérence des politiques publiques.
Les fonds dédiés à l’APD doivent être augmentés et défendus face aux arbitrages budgétaires court-termistes. L’APD doit financer des politiques publiques locales et nationales qui contribuent à la lutte contre la pauvreté et les inégalités économiques, sociales et environnementales. Elle n’est pas un outil de gestion des flux migratoires ou de promotion des entreprises à l’international.
C’est avant tout une question de volonté politique. D’autres pays y sont arrivés, la France doit aussi y parvenir.
Nous demandons au gouvernement de :
- Consacrer au moins 0,7% de sa richesse nationale au développement et la solidarité internationale d’ici à 2022
- Augmenter de 10% par an le budget voté en loi de finances consacré à l’APD
- Consacrer au moins 50% de l’APD aux pays les moins avancés
- Porter le montant annuel des crédits d’APD transitant par les ONG à 1 milliard d’euros d’ici 2022