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Journée mondiale de l'aide humanitaire|Nous ne sommes pas des cibles : stop à l’impunité

À l’occasion de la Journée mondiale de l’aide humanitaire, Coordination SUD et 17 ONG humanitaires membres du collectif appellent la France à mettre fin à l'impunité face aux attaques contre les populations civiles et le personnel humanitaire et de santé et faire prévaloir le respect du droit international humanitaire dans les conflits armés.

En septembre 2024, la France, aux côtés du Brésil, de la Chine, de la Jordanie, du Kazakhstan, de l’Afrique du Sud et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a lancé une initiative mondiale visant à revitaliser l’engagement politique en faveur du droit international humanitaire (DIH) dont les conclusions finales sont attendues pour 2026. Face à la réalité des conflits armées, il est urgent de passer dès aujourd’hui des constats aux actions pour faire prévaloir la protection des populations civiles et des personnes qui travaillent à leurs côtés.

Le DIH et les traités internationaux sont remis en cause jour après jour dans les conflits armés, entre violations flagrantes, interprétations permissives et impunité. Les États, responsables de les respecter et de les faire respecter, manquent à leurs obligations, ce qui érode ces normes et fragilise durablement la protection des populations civiles. Ainsi, face à la multiplication des conflits armés et à leur violence, le nombre de victimes civiles continue de croître, tout comme les attaques visant le personnel humanitaire et de santé.

Les décès liés aux conflits ont augmenté de 40 % entre 2023 et 2024, et le nombre de femmes et d’enfants tués ces deux dernières années a quadruplé par rapport à la période 2021–2022 (38 000 personnes). La destruction d’hôpitaux, d’écoles et d’infrastructures civiles essentielles menace durablement la survie de communautés entières. Alors que les besoins humanitaires atteignent un niveau sans précédent (309,7 millions de personnes ont besoin d’aide en 2025), le déficit record de financement estimé à plus de 37 milliards de dollars, illustre le désengagement croissant des bailleurs. Ce sous-financement entrave la réponse aux besoins vitaux, en particulier ceux des personnes les plus vulnérables : femmes, enfants, personnes âgées, en situation de handicap, déplacées ou réfugiées.

Les activités humanitaires menées par les ONG en respect des principes humanitaires, sont indispensables pour répondre à l’ampleur de ces besoins. Pourtant, elles font face à de multiples menaces restreignant l’espace humanitaire :

  • La politisation de l’aide, les mesures de lutte contre le terrorisme et certaines décisions politiques tendent à instrumentaliser ou criminaliser l’action humanitaire, exposant les organisations à des risques juridiques, des obstacles bureaucratiques et administratifs et des blocages de fonds.
  • La désinformation et la mésinformation, via des campagnes ciblées contre les ONG, des discours de haine en ligne ou la diffusion volontaire de fausses informations, alimentent un climat de suspicion et renforcent les risques sécuritaires pour les humanitaires.
  • La confusion croissante entre action humanitaire et action militarisée brouille les lignes entre action fondée sur les principes humanitaires (neutralité, humanité, impartialité, indépendance) et action menée par une partie au conflit. À Gaza, par exemple, des distributions alimentaires militarisées, contraires aux principes humanitaires, exposent chaque jour les personnes civiles à des tirs, causant morts et blessés parmi celles et ceux tentant d’accéder à l’aide vitale.
  • Les attaques visant le personnel, les convois et installations humanitaires contraignent les organisations humanitaires à suspendre leurs opérations, compromettant l’accès de millions de personnes à une aide vitale.

Ces menaces et attaques, contraires au DIH, ont de lourdes conséquences pour le personnel humanitaire et de santé : assassinats, enlèvements, arrestations arbitraires, entraves à leur mission. L’année 2024 a été la plus meurtrière jamais enregistrée, et 2025 s’annonce pire encore. Plus de 380 humanitaires ont été tués dans 27 pays, dont au moins 181 à Gaza, certains à leur domicile, d’autres sur leur lieu de travail. Les personnels humanitaires locaux, piliers de la réponse humanitaire et témoins directs des violations du DIH, sont les premiers touchés et les plus vulnérables aux menaces et actes de violence.

Nous dénonçons avec la plus grande fermeté le mépris et les violations croissantes du DIH. Les attaques délibérées contre les populations et infrastructures civiles, ainsi que contre le personnel humanitaire et de santé, tout comme les entraves systématiques à l’acheminement de l’aide, ne peuvent être tolérées ni rester impunies. L’impunité alimente les crises et compromet toute perspective de paix durable.

À l’occasion de la Journée mondiale de l’aide humanitaire et face à l’urgence et à l’ampleur de la crise humanitaire mondiale, nous appelons solennellement la France à :

  • Réaffirmer son engagement constant en faveur du respect du DIH et renforcer sa mise en oeuvre, en veillant à ce qu’il soit pleinement respecté par l’ensemble des parties aux conflits, notamment en condamnant systématiquement toute attaque contre les personnes civiles et le personnel humanitaire et de santé ou entrave contre ce dernier, dans tous les contextes, sans exception ni considération politique.
  • S’assurer de la pleine mise en œuvre de la résolution 2730 (2024) du Conseil de sécurité des Nations Unies pour garantir l’accès humanitaire rapide et sans entrave, protéger les biens et le personnel humanitaire local et international.
  • Mettre fin à l’impunité en engageant des poursuites contre les personnes autrices de violations du DIH, quelle que soit leur nationalité ou leur fonction, en retirant toute déclaration contraire à cette obligation ; en alignant le droit français sur le Statut de Rome, en soutenant les enquêtes et mandats émis par la CPI, en levant les verrous à la compétence universelle et la réserve formulée à la Convention de Ljubljana-La Haye.
  • Mettre fin à la criminalisation de l’aide humanitaire en veillant à ce que les régimes de sanctions et les mesures de lutte contre le terrorisme incluent des exemptions humanitaires claires, permanentes et effectives, et en alignant le droit national avec les bonnes pratiques internationales en la matière.
  • Garantir que l’aide humanitaire reste neutre et impartiale, en excluant tout conditionnement diplomatique ou stratégique à son acheminement, et en préservant pleinement l’espace humanitaire.
  • Renforcer les financements humanitaires sans conditions politiques, flexibles, et directement accessibles aux organisations humanitaires internationales et locales. Ces financements doivent également permettre le renforcement des capacités de gestion des risques sécuritaires pour les acteurs humanitaires, notamment les acteurs locaux particulièrement exposés aux risques.

En ce 19 août 2025, il est essentiel que la France prenne les mesures adéquates pour mettre en œuvre ces recommandations et use de son influence diplomatique et politique, auprès de ses alliés et des États belligérants afin de s’assurer d’une promotion et d’un respect collectif du DIH. Protéger les personnes civiles et celles et ceux qui travaillent à leurs côtés est une obligation légale et un impératif moral.

Signataires :

1. Coordination SUD

2. Action contre la Faim

3. Aviation Sans Frontières

4. Coordination Humanitaire et Développement

5. Electriciens sans frontières

6. Humanity & Inclusion – Handicap International

7. LIFE

8. Life Project 4 Youth Alliance

9. Médecins du Monde France

10. Oxfam France

11. Plan International France

12. Plateforme des Droits Humains

13. Première Urgence Internationale

14. Save the Children France

15. Secours Catholique Caritas France

16. Secours Islamique France

17. Solidarités International

18. Triangle Génération Humanitaire

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