4 questions à Pierre Lecomte

Pourquoi aviez-vous rejoint le comité de décision du FRIO ?
Initiative Développement a adopté depuis sa création une stratégie volontariste en matière de partenariat où le renforcement organisationnel et institutionnel de ses partenaires occupe une place centrale des projets qui sont menés conjointement. De ce fait les dynamiques de renforcement des organisations de la société civile ont toujours été un sujet d’intérêt pour l’organisation qui s’est naturellement investie au sein du FRIO depuis plusieurs années maintenant. A titre personnel, j’ai occupé il y a une dizaine d’années maintenant un poste de chargé de mission FRIO au sein du secrétariat exécutif de Coordination SUD. C’est donc assez naturellement que j’ai souhaité m’investir au sein du comité de décision FRIO lorsque j’ai pris mes fonctions de Directeur général d’ID.
Ce dispositif assez unique en son genre joue un rôle majeur pour accompagner et soutenir le secteur associatif de la solidarité internationale dans les évolutions et mutations nécessaires à son développement et à son évolution. En tant que membre du comité de décision, il s’agit de s’assurer que les fonds proposés soient utilisés de la manière la plus pertinente et utile possible pour les associations en émettant un avis sur chacun des dossiers proposés. Faire partie du comité de décision FRIO c’est aussi être à la « vigie » des évolutions actuelles du secteur (diversification des modèles économiques, politique RH, transition numérique, politique genre…), les identifier et les partager à l’ensemble du collectif grâce aux travaux de capitalisation proposés par le secrétariat exécutif de Coordination SUD.
Quelle analyse faites-vous du secteur français de la coopération internationale à l’issue de ce mandat 2022-2024 ?
Le secteur associatif français de la coopération et de la solidarité internationale est aujourd’hui soumis à des contraintes externes qui n’ont fait que s’accroitre d’années en années. Comme le décrivent Jean-Martial Bonis-Charancle et Martin Vielajus dans leur document de prospective Coordination SUD 2030, ce phénomène d’accumulation de normes est bien réel et va continuer à se développer pour nos organisations alors que dans le même temps les financements publics se raréfient et l’accès aux financements privés devient de plus en plus concurrentiel. Or comment répondre à cette accumulation de normes dans un contexte de raréfaction des moyens sans perdre le sens de l’action ou sans faire reposer ces demandes additionnelles sur les épaules d’équipes déjà très souvent en surcharge… C’est la quadrature du cercle !
Les OSI françaises doivent composer avec cette réalité et sans cesse se renouveler, explorer de nouvelles pistes et méthodes pour poursuivre leur engagement au service d’une certaine idée de la solidarité par ailleurs mise à mal aujourd’hui dans le débat public.
Dans ce contexte, l’outil FRIO qui permet de sortir la tête de l’eau sur un sujet d’intérêt majeur pour l’organisation, de faire appel à de l’expertise externe et de faire le pas de côté nécessaire pour évoluer, est extrêmement utile et aujourd’hui même indispensable.
Quels conseils donneriez-vous aux OSC qui souhaiteraient engager un accompagnement FRIO ?
D’abord je les encourage à s’engager dans un accompagnement FRIO ! Une organisation ne sort jamais comme elle est entrée. Le fait de prendre le temps d’analyser sa propre organisation interne, d’ouvrir « son arrière-boutique » à un regard externe, de faire un pas de côté en impliquant les différentes parties prenantes de l’organisation n’est jamais neutre, nécessite du courage et produit toujours des évolutions.
Je crois ensuite qu’il est nécessaire de prendre le temps qu’il faut – voire si besoin d’être accompagné – pour bien identifier le besoin en renforcement. Cette étape peut paraitre évidente à première vue mais je ne crois pas qu’elle le soit et j’ai constaté à plusieurs reprises des demandes dont la formulation était vague et finalement l’objectif soit multiple et donc difficile à atteindre soit non partagé par les différentes acteur.trice.s de l’organisation. En cas de doute, n’hésitez pas à vous appuyer sur le secrétariat de Coordination SUD qui est là pour vous accompagner dans ce travail préalable.
Enfin j’ajouterai la nécessaire réflexion à avoir sur le périmètre de mobilisation des parties prenantes de l’association en fonction du sujet traité. La révision d’un projet stratégique n’impliquera pas nécessairement les mêmes personnes que l’élaboration d’une stratégie de communication par exemple…
Quel bilan faites-vous de votre expérience au sein du comité de décision ?
Un bilan forcément très positif pour toutes les raisons évoquées ci-dessus : l’impression de s’engager en faveur du collectif d’une manière concrète et selon moi cruciale ; l’intérêt de se situer à la vigie des évolutions du secteur… C’est aussi un espace extrêmement enrichissant de part la diversité des organisations représentées et des postes occupés par les membres du comité. Les échanges sont nourris, les points de vue pas toujours complétement alignés, l’attention n’est pas toujours portée au même endroit sur les dossiers présentés mais cela produit une belle complémentarité bien animée en cela par nos collègues du secrétariat de Coordination SUD. Je suis donc extrêmement reconnaissant d’avoir pu participer au comité de décision FRIO ces deux dernières années et souhaite que le dispositif puisse perdurer encore de longues années au service du secteur de la solidarité internationale.
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