Appel à manifestation d’intérêt du F3E et du Comité français de l’UICN : Appui à la planification participative de la stratégie genre du programme Coopération Internationale du Comité français de l’UICN

Ces éléments sont présentés sous réserve de la finalisation en cours des termes de référence de cette étude.

Généralités :

Entités : « Comité français de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) » et « F3E »

Objet : Appui à la planification participative de la stratégie genre du programme Coopération Internationale du Comité français de l’UICN

Période : Consultance sur 10 mois

Date limite de dépôts des offres : 14 juillet 2025

1. L’action et les acteurs impliqués

L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) est une alliance de plus de 1 400 organismes membres et 17 000 expert.e.s, présent.e.s dans 160 pays. Elle fait aujourd’hui autorité au niveau international sur l’état de la nature et des ressources naturelles dans le monde et sur les mesures pour les préserver. Le Comité français de l’UICN est le réseau des organismes et des expert.e.s de l’UICN en France, qui regroupe 2 ministères, 7 établissements publics, 6 collectivités locales et 61 ONG, ainsi qu’un réseau de plus de 300 expert.e.s. Le CF UICN dresse des états des lieux, formule des recommandations et gère des projets pour faire évoluer les politiques, les connaissances et la mise en œuvre d’actions en faveur de la conservation de la biodiversité. Au niveau opérationnel, le Comité français de l’UICN est composé de 7 pôles thématiques et géographiques : politiques de la biodiversité, espèces, aires protégées, écosystèmes, éducation et communication, outre-mer et coopération internationale.

Via son pôle Coopération Internationale, le CF UICN s’engage activement depuis près de 20 ans à contribuer à la conservation de la biodiversité et à la gestion durable et équitable des ressources naturelles dans les pays en développement. Le pôle Coopération Internationale du Comité français de l’UICN structure son action autour du soutien à la société civile, comme acteur incontournable de la préservation de la nature. A cet effet, il gère le Programme de Petites Initiatives (PPI) en soutien aux associations africaines de préservation de la nature, et le Programme d’appui aux OSC de biodiversité actives dans les pays en développement (ProBioDev) en soutien aux partenariats de la société civile et comme espace de dialogue et de travail collectif pour les acteur.rice.s français.e.s de biodiversité actif.ve.s à l’international. Le pôle Coopération Internationale étant apparenté à un « bailleur » pour les partenaires en ayant à charge l’organisation et le suivi des appels à projets, les activités de renforcement de capacités sont mises en place par des coordinateur.rice.s au statut de consultant.e.s pour permettre le lien de confiance sur le long terme, indispensable au développement organisationnel des partenaires.

Le pôle Coopération Internationale intervient actuellement en France et dans différents pays dans lesquels plusieurs défis significatifs sont à relever en lien avec le genre, qu’il s’agisse de la vulnérabilité accrue des femmes face aux changements climatiques ou encore d’inégalités causées par certaines normes sociales et culturelles. Etant donné les rôles genrés définis culturellement, les femmes ont tendance à utiliser et à valoriser la biodiversité différemment que les hommes. Cependant, alors que les femmes sont des actrices clés de la biodiversité, elles sont souvent exclues de l’accès, du contrôle, de la prise de décision et du partage des bénéfices liés aux ressources naturelles et à leur utilisation. L’égalité de genre est ainsi un puissant moteur de changement à travers les secteurs et dans tous les pays pour façonner des politiques, projets et programmes plus équitables et efficaces en faveur d’un monde juste qui valorise et conserve la nature.

L’UICN se penche sur les enjeux de genre depuis de nombreuses années, avec l’adoption en 1996 d’une résolution visant à intégrer une perspective de genre dans le Programme de l’UICN, puis en 2018 d’une politique d’égalité des genres et d’empouvoirement de la femme. Bien que cette politique soit en cours de déclinaison stratégique au niveau du Conseil de l’UICN, elle n’a pas encore été appropriée par le Comité français de l’UICN, même si ce sujet suscite un intérêt particulier et a donné lieu à diverses actions. Toutefois, la question du genre n’est pas encore intégrée à la stratégie du Comité français de l’UICN.

C’est donc tout l’enjeu de cette étude : établir une première étude pilote – autour du pôle Coopération internationale – qui permettra d’infuser sur l’ensemble des programmes du CF UICN et auprès de la direction dans une optique de réplicabilité et de mise en place d’une stratégie plus globale pour l’organisation et adaptée aux spécificités de l’association.

La démarche engagée est restreinte au pôle Coopération internationale (CI) pour plusieurs raisons : 1/ une certaine « urgence » et un vif intérêt à accélérer le processus pour être en cohérence avec les valeurs véhiculées par PPI et ProBioDev qui financent des projets de conservation à visée inclusive, dont les objectifs visent notamment à réduire, ou du moins, à ne pas renforcer les inégalités sociales et économiques. Dans ce contexte, avoir une approche genre concrète et mise en œuvre rapidement est indispensable afin de renforcer la cohérence des programmes ; 2/ un constat de complexité des enjeux liés au pôle CI et un besoin de travail ciblé pour répondre à nos préoccupations : deux programmes, une multiplicité de contextes géographiques et une multiplicité d’acteurs (OSC locales, OSC françaises) ; 3/ le fait que le pôle CI ne travaille pas sur les mêmes sujets et de la même manière que les autres pôles du Comité français de l’UICN. Il appuie l’animation de réseaux d’acteurs associatifs et la mise en œuvre de projets de terrain concrets à l’international alors que les autres programmes sont plutôt centrés sur le contexte français à travers la coordination de publications et l’animation de réseau d’expert.es scientifiques, acteurs institutionnels et/ou entreprises. Par ailleurs, les programmes PPI et ProBioDev ont aussi des financements propres où les bailleurs institutionnels (AFD et FFEM) attendent une vraie intégration de l’approche genre dans les projets.

2- L’étude  

2.1- Attentes et objectifs

Le pôle CI du CF UICN souhaite être accompagné dans la poursuite de ses réflexions afin de dégager des orientations stratégiques autour de l’intégration d’une perspective de genre dans ses activités et son fonctionnement et leur déclinaison opérationnelle, sur la base d’enjeux partagés. Plus spécifiquement, il souhaite être outillé dans l’intégration du genre au sein de ses programmes et auprès de ses partenaires.

2.2. Objets de l’étude

La présente étude devra appuyer la définition collaborative d’une stratégie d’inclusion du genre au sein du pôle Coopération Internationale du Comité français de l’UICN, avec une dimension formative pour les personnes y participant.

L’appui de la consultance devra s’intéresser aux enjeux stratégiques suivants :

• Comment améliorer les procédures internes en matière d’égalité pour être exemplaire au sein du Pôle Coopération Internationale ? Quelles sont les connaissances de l’équipe en matière de genre et comment l’égalité est-elle actuellement perçue et mise en œuvre au sein de l’organisation ? Quelle définition du genre est donnée et sur laquelle se baser ? Quels obstacles existent ? Comment les surmonter pour intégrer le genre dans la culture organisationnelle, la gestion de projet, et la programmation des actions ?
• Quelles mesures définir pour renforcer les capacités en matière d’intégration du genre, à travers une approche décoloniale ? Comment adopter une posture adaptée vis-à-vis des partenaires, en évitant notamment une approche descendante et/ou jugeante ? Comment mieux inclure les attentes et la vision des partenaires en matière de genre ? En quoi les approches du genre peuvent différer en fonction des contextes culturels et géographiques ? Quelles sont les valeurs fondamentales sur lesquelles ne pas déroger ?
• Quelle est la pertinence de définir/adopter des indicateurs pour améliorer l’inclusion du genre dans les projets de conservation de la biodiversité ? Comment le genre influence-t-il les projets, et pourquoi est-il crucial de l’aborder pour favoriser la durabilité des projets de conservation de la biodiversité ? En quoi cela permettrait de renforcer l’impact des projets de conservation ? Comment mesurer l’impact réel de l’intégration du genre dans nos projets et s’assurer que cette inclusion contribue à la réduction des inégalités sans les renforcer ? Comment garantir que les pratiques d’inclusion du genre soient applicables et adaptées à différents contextes culturels, tout en maintenant une approche standardisée ?

2.3- Déroulement envisagé

L’étude comprendra :

• La réalisation d’un diagnostic établissant un état des lieux des enjeux et concepts de genre en lien avec la conservation de la biodiversité en contexte multi-pays mettant en valeur les principaux axes de réflexion du secteur en lien avec la présente étude ; intégrant un bilan des pratiques actuelles de prise en compte du genre dans les activités mises en œuvre directement par le pôle CI, permettant d’identifier des leviers d’action pertinents à renforcer / systématiser ; intégrant un état des lieux des pratiques et des perceptions des organisations partenaires aussi bien des Nords comme des Suds afin d’identifier les enjeux clefs en matière d’intégration du genre ; intégrant des exemples de projets de conservation de la biodiversité mettant en œuvre une perspective de genre, afin d’illustrer la pertinence et les façons de le faire (2-3 études de cas) ; et intégrant également une analyse de la façon dont les programmes PPI et ProBioDev permettent d’appuyer l’intégration du genre dans les projets accompagnés.
• L’appui à l’élaboration d’une stratégie genre de façon collective et participative en incluant des partenaires, pour le pôle coopération internationale. Cette stratégie devra adopter une perspective décoloniale, dans un objectif de déconstruire les rapports de pouvoir Nord-Sud et préciser les orientations des années à venir : dans quelle direction le pôle coopération internationale du CF UICN souhaite s’engager pour les années à venir ?
• L’appui à la définition d’un plan d’actions pour mettre en œuvre cette stratégie genre dans les années à venir. Ce plan d’action visera notamment :
• La définition de méthodologies et d’outils adaptés à différents contextes locaux ainsi que l’identification de personnes ressources consultantes localement sur le genre dans les géographies concernées pour la sensibilisation et la mobilisation des partenaires ainsi que le renforcement de leurs capacités en matière d’intégration des enjeux de genre dans les projets de conservation.
• La réflexion pour la définition d’indicateurs adaptés au genre dans le cycle de projet de conservation de la biodiversité et leur intégration dans les systèmes de suivi-évaluation.

Précision : il n’est pas attendu de la consultance la définition d’un système de suivi-évaluation mais une amorce de réflexion sur ce sujet.

2.4- Expertise externe recherchée

L’équipe recherchée pour cette mission est une équipe internationale incluant un.e consultant.e régional.e issue de préférence d’Afrique subsaharienne. La mission sera réalisée majoritairement à distance. L’organisation d’ateliers en présentiel pourra être discutée.

Compétences exigées :

• Une expérience solide sur les questions de genre et sur l’appui à l’intégration du genre dans les pratiques des organisations de la société civile internationales agissant dans les pays en développement, intégrant une perspective décoloniale
• Une expérience avérée dans la conduite d’études et dans l’accompagnement de dynamiques de planification avec un fort accent sur la dimension participative
• La maitrise des outils de suivi-évaluation de projets de développement
• Une bonne connaissance du milieu des organisations de la société civile dans les pays en développement, notamment en Afrique subsaharienne
• Une excellente maitrise du français afin de conduire l’étude et de la rédiger
• La maitrise d’un anglais courant afin de pouvoir échanger avec les partenaires non francophones
• La maitrise du portugais et de l’espagnol ainsi que la maitrise d’une langue locale de préférence parlée en Afrique subsaharienne est un plus.

2.5- Calendrier prévisionnel

• Une phase de cadrage de l’étude, comprenant des entretiens et une revue documentaire, et aboutissant à la production d’une note de cadrage [mois 1 à 2]
• Une phase de diagnostic de la prise en compte du genre en interne à l’organisation et dans les projets accompagnés. Cette phase se terminera par la production d’un document de diagnostic [mois 3 à 5]
• Une phase d’élaboration de la stratégie qui reposera sur l’animation d’ateliers collectifs de travail à distance, ainsi que des entretiens individuels complémentaires et se clôturera avec la production d’un document prospectif [mois 6 à 10]
• Une phase de restitutions internes et externes [mois 10]

Cet appel à manifestations d’intérêt est destiné à identifier des consultant·es. A l’issue de cet appel à manifestation d’intérêt, une présélection sera opérée, puis un appel d’offres restreint sera lancé auprès des consultant·es présélectionné·es, sur la base des termes de référence finalisés de l’évaluation.

A ce stade, le CV du/de la consultant·e proposé·e pour être chef·fe de mission est demandé. Si une équipe de consultant·es était proposée, l’envoi du CV du/des consultant·es associé·es n’est pas exigé à ce stade de l’appel à manifestations d’intérêt, mais est très encouragé.

Si vous souhaitez manifester votre intérêt, merci de bien vouloir envoyer votre CV par courrier électronique avant le lundi 14 juillet 2025 à minuit (heure française) à l’attention simultanée de :

Armelle Barré, chargée d’études, F3E : a.barre@f3e.asso.fr

Marie Furtado, Chargée de mission « Programme de Petites Initiatives », Comité français de l’UICN : marie.furtado@uicn.fr

Il est demandé de joindre un CV actualisé dans lequel vous aurez surligné les éléments spécifiques que vous jugez utiles pour apprécier votre manifestation d’intérêt dans le cadre de cette étude