Budget 2026|Nouvelle baisse pour la solidarité internationale, les engagements du Gouvernement non tenus auront des conséquences désastreuses

Les orientations budgétaires présentées par le Gouvernement pourraient non seulement fragiliser les services publics, la vie associative, la transition écologique et la protection sociale ; mais également mettre en danger des populations pauvres et vulnérables dans le monde en s’attaquant une fois de plus au budget de la solidarité internationale.
Avec une baisse prévue de – 52 % en 2026 par rapport à 2024, si cette coupe était confirmée, elle ramènerait le budget de la solidarité internationale à un niveau inférieur à 2017, détruisant ainsi les efforts réalisés lors du premier quinquennat d’Emmanuel Macron pour l’aide humanitaire et le développement. Cette période était aussi marquée par l’adoption d’une loi de programmation ambitieuse en 2021 (LOP-DSLIM), soutenue par l’ensemble des groupes parlementaires. Celle-ci semble aujourd’hui enterrée avec les coupes considérables déjà actées depuis 2024 et les annonces pour 2026.
Selon les agences des Nations Unies, 9 millions de personnes risquent d’être privées de soins de santé en Afghanistan, l’aide financière hivernale a été suspendue en Ukraine ; les espaces sécurisés pour les femmes et les jeunes filles se ferment au Yémen ; et au Burkina Faso, 300 000 habitants d’une seule ville pourraient bientôt ne plus avoir accès à l’eau potable.
Pour Olivier Bruyeron, Président du collectif d’ONG françaises Coordination SUD, « Cet acharnement contre la solidarité internationale est d’une violence inouïe. Si ces coupes sont maintenues, nous verrons une explosion de la pauvreté et des inégalités dans le monde, et la France ne sera pas épargnée par la multiplication des crises, des pandémies et des chocs climatiques. »
Le budget de la solidarité internationale permet très concrètement de financer la paix mondiale, l’action humanitaire, des projets de développement – notamment l’accès à la santé, l’éducation, l’alimentation, l’eau – et la protection des droits et de l’égalité de genre.
Déjà coupé en 2024 et 2025, le budget de la solidarité internationale est encore une fois l’un des budgets les plus sévèrement amputés par le Gouvernement, il subit la 3ème plus forte baisse en proportion.
L’indignation est forte chez les associations, comme le rapporte Anne Héry, Directrice du plaidoyer chez Handicap International : « La France s’est engagée à financer la solidarité internationale. Ce n’est pas une promesse en l’air ; les parlementaires de tous bords politiques ont adopté une loi en 2021 et ses engagements ont été répétés chaque année par les pouvoirs publics, jusqu’au plus haut sommet de l’État. Que vaut la parole des responsables politiques si elle ne se transforme pas en actes ? »
Le Président de la République s’était exprimé en 2024 contre la baisse du financement de la solidarité internationale. Puis, en 2025, c’était au tour du Premier ministre François Bayrou, du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, et du ministre de la Francophonie et des Partenariats internationaux, Thani Mohamed Soilihi, d’appeler à une nouvelle dynamique pour la solidarité internationale en 2026, reconnaissant son absolue nécessité. Force est de constater que les engagements ne sont pour le moment pas tenus.
Frédéric Apollin, Directeur général de l’ONG Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières ajoute : « Ce choix politique traduit un déni flagrant des besoins des populations vulnérables et de l’action essentielle de la société civile et des opérateurs de l’État engagés dans la solidarité internationale. La France s’est dotée d’une diplomatie féministe pour agir pour les droits des femmes et des filles, d’une stratégie société civile pour mieux accompagner leur action et renforcer l’État de droit, ainsi que d’une stratégie humanitaire pour agir face aux crises et aux conflits. Comment peut-on soutenir ces politiques sans financement ?”
L’une des réponses concrètes portées par les ONG réside dans deux taxes qui contribuent historiquement au financement de la solidarité internationale en France : la taxe sur les billets d’avion et la taxe sur les transactions financières. En 2025, ces taxes pourraient générer plus d’1 milliard d’euros supplémentaires qui pourraient être utilisés pour la solidarité internationale.
Encore faut-il que le fléchage direct de ces recettes à la solidarité internationale soit de nouveau maintenu et garanti, comme l’invite à le faire la proposition de loi transpartisane portée par le Député Guillaume Gouffier Valente. Ce n’est plus seulement une question d’engagement, c’est une question de responsabilité face aux vies humaines qui sont menacées par la baisse des financements.
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