Restitution de l’étude Argent & ASI 2016-20 : Les résultats de l’étude / Vidéo de promotion

Une nouvelle édition de l’étude Argent & Associations de Solidarité Internationale pour la période 2016-2020 a été lancée, en mars 2021, par Coordination SUD, en collaboration avec le ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères et l’Agence française de développement, qui financent l’étude. Elle pour ambition d’éclairer l’analyse des ressources financières des associations de solidarité internationale (ASI) françaises, mais aussi plus largement, les évolutions de leurs modèles socio-économiques (richesses humaines, choix de dépenses, leviers économiques, alliances et partenariats). S’appuyant sur une méthodologie mixte, elle a permis de recueillir des données quantitatives auprès de 117 ASI et d’interroger les grandes tendances du secteur, par des entretiens individuels ou collectifs auxquels ont participé 34 ASI.

Tout savoir sur l’étude en 4 minutes !

Les objectifs de cette nouvelle édition

Véritable document de référence, cette enquête permet depuis de nombreuses années de mettre en lumière le paysage financier en constante évolution des ASI installées en France. Elle présente l’origine ainsi que l’utilisation des ressources et des dépenses des ASI. Elle offre ainsi, dans le même mouvement, une photographie et une analyse détaillée permettant de comprendre le présent et d’enrichir les stratégies associatives futures. Elle répond en ce sens à l’attente exprimée par les acteurs et actrices mobilisées et engagées en faveur de la solidarité internationale (pouvoirs publics, associations de solidarité internationale). De manière plus large, elle s’inscrit dans une démarche de renforcement de la connaissance des ASI et de leurs modèles socio-économiques à travers trois objectifs principaux :

ll s’agira ainsi de :

  • Mesurer le poids du secteur à travers l’analyse de l’évolution des ressources et des dépenses dans leurs dimensions tant financières qu’humaines, des ONG françaises de solidarité internationale ;
  • Apprécier cette évolution au regard des contextes particuliers vécus par les ONG sur cette période, notamment celui lié à la crise sanitaire (cf. objectif 2) ;
  • Éclairer, les évolutions possibles des modèles économiques des ONG pour la prochaine période (2021 – 2025).

Pour cela, l’analyse des ressources et dépenses s’appuiera sur plusieurs critères, qui servent de base, dans les différentes versions de l’étude,  aux analyses statistiques. La continuité des critères d’analyse entre les différentes versions de l’étude permettra ainsi d’ancrer les analyses sur une temporalité importante.

Au regard de la situation sanitaire actuelle, cette nouvelle édition de l’étude cherchera à aborder les premières répercussions de la crise COVID-19 sur la situation financière des ONG françaises. Coordination SUD propose pour cela de dresser un comparatif des dépenses et des ressources entre la période avant la crise du confinement et après, soit le poids du secteur dans ses grandes masses jusqu’en décembre 2019 et son poids à partir de 2020, en s’appuyant notamment sur les projections budgétaires des ONG pour 2021.

Cette analyse s’appuiera sur les données quantitatives collectées lors de l’analyse financière des modèles socio-économiques des ONG, complétées d’analyses qualitatives sur la dimension sociale des modèles, selon des angles spécifiques liés à l’impact de la crise de la COVID-19. L’enjeu est de comprendre les difficultés financières rencontrées par les ONG pesant sur leurs modèles socio-économiques.

Enfin, cette version de l’étude essayera d’identifier d’éventuelles pratiques remarquables, mises en place par les ONG, leur ayant permis de dépasser ces mêmes difficultés et contraintes liées à la crise sanitaire. Cette identification pourra venir alimenter le travail prospectif qui sera mené au-delà de l’étude.

Par ailleurs, au-delà de l’impact de la crise sanitaire sur les ONG, d’autres angles thématiques pourront être retenus et étudiés dans la cadre de cette édition. A titre d’exemple, l’étude 2012 – 2016 avait intégré une dimension « perspectives à 5 ans », afin d’inscrire l’étude dans une dimension prospective. A ce stade, il est envisagé trois angles spécifiques d’analyses :

  • Analyse comparée des modèles des ONG françaises avec ceux d’ONG liées à un ou deux autres pays européens ;
  • Focus sur certaines dimensions des modèles socio-économiques des ONG, comme le bénévolat ou d’autres types de richesses humaines (consultances, équipes salariées ou encore volontariat) ;
  • Financements innovants : modes de collecte novateurs (arrondi solidaire, produits de partage), contrats à impact social, titres associatifs, etc.

Pour garantir la qualité des conclusions de la nouvelle édition 2016 – 2020, Coordination SUD et ses partenaires comptent sur la participation précieuse et essentielle des ONG, toutes catégories confondues. Si les données brutes recueillies dans le cadre de cette enquête resteront strictement confidentielles, leur format consolidé et le résultat de l’étude vous seront communiqués sous la forme d’une publication, par ailleurs restituée publiquement. Les ONG participant à l’enquête seront présentées à la fin du rapport selon la typologie et la tranche budgétaire à laquelle elles appartiennent.

Les résultats de l’étude

-Augmentation des moyens mobilisés

L’un des premiers enseignements de l’étude est le très fort développement des ASI françaises sur la période 2016-2020. Cela concerne leurs ressources, mais également leurs dépenses et leurs richesses humaines.

Poursuivant la tendance observée sur la période 2012-2016, les ressources progressent de 43% sur la période 2016-2020, croissance tirée par le développement des financements publics (+63%) et privés (+22%). 

Les raisons qui conduisent les ASI à se développer sont multiples : l’augmentation des besoins sur leurs missions principales ou l’émergence de nouvelles zones de crise (Yémen, Syrie, Nigeria), la capacité à intervenir sur des projets de plus grande ampleur ou la participation à des consortiums. 

Cette forte croissance se traduit pour certaines ASI par un doublement de leurs activités, demandant une évolution forte de leurs organisations. Dans ce cadre, les équilibres entre anticipation et réactivité ne sont pas toujours simples à trouver, pouvant mettre les ASI et leurs équipes en tension.

-Facteurs impactants : La taille et les missions principales

Les dynamiques de croissance concernent l’ensemble des ASI, mais des différences notables existent sur leurs modèles économiques, qui varient significativement en fonction de leur taille et de leurs missions principales. Les tendances globales cachent ainsi une grande hétérogénéité entre les ASI, en particulier sur la répartition des ressources : entre ressources publiques et ressources privées, mais également dans la pondération des différents bailleurs. 

Ainsi, si les financements publics internationaux sont la première ressource des très grandes ASI, la générosité du public reste la première ressource de la tranche médiane des ASI, alors que les plus petites ont une structure de financement plus équilibrée entre fonds publics (essentiellement en provenance de collectivités territoriales) et privés, venant majoritairement de fondations et du mécénat d’entreprises. 

De la même manière, les ASI d’action humanitaire et de développement sont majoritairement financées par des bailleurs publics, internationaux pour les premières et nationaux pour les secondes. À l’inverse, les financements publics représentent moins de 15% des ressources des ASI de plaidoyer, financées en majorité par la générosité du public (62%), et ils sont également minoritaires pour les ASI d’apprentissage. Enfin les ASI de soutien et structuration du milieu associatif ont une structure de financement équilibrée entre fonds publics et privés.

-Les tendances de fond du secteur

  • Stabilité des zones d’intervention 

Les principales zones d’intervention des ASI françaises restent l’Afrique sub-saharienne, le Proche et Moyen-Orient et l’Asie. Parmi elles, l’Afrique sub-saharienne représente près de la moitié des dépenses des ASI françaises, en progression de 60% sur la période. Cette augmentation est à mettre en relation avec la croissance des ressources, notamment internationales pour des interventions en zones de crise ou devenues instables (crise du lac Tchad, Sahel, Afrique centrale). 

L’intervention des ASI françaises s’inscrit dans le temps, ainsi neuf des dix pays d’intervention les plus cités par les ASI sont identiques à l’étude précédente ; il s’agit du Sénégal, Burkina Faso, Madagascar, Mali, Haïti, Maroc, France, Togo, Bénin et Cameroun (qui a remplacé le Tchad). À l’exception du Cameroun et du Maroc, ces pays sont membres de la liste des 19 pays prioritaires de l’aide française (telle que définie par le comité interministériel de la coopération internationale et du développement en 2018 et par la Loi sur le développement solidaire d’août 2021). 

Cartographie des pays
d’intervention par
affectation des dépenses

Cartographie des pays d’intervention par affectation des dépenses
  • Évolution des modalités d’action : la localisation de l’aide Portée par le Grand Bargain en 2016, la localisation de l’aide vise à ramener les acteurs et actrices locales au centre de la solidarité internationale en donnant un rôle plus important et central aux autorités locales et à la société civile des pays récipiendaires de l’aide, notamment aux ASI de ces mêmes pays. En forte progression depuis 2016 (+80%), le total des transferts à des organisations de la société civile (OSC) des pays récipiendaires déclarés par les ASI dans l’enquête restent modestes par rapport au total des ressources mobilisées (moins de 7%). Ce faible montant s’explique essentiellement par des montants renseignés très incomplets. Le sujet est cependant reconnu comme important par les ASI françaises, et il se traduit par une montée en puissance des partenaires des pays concernés, notamment pour les ASI de développement, ou par l’autonomisation des structures locales (bureaux pays et organisations locales) pour des ASI travaillant en réseau international. Il apparaît ainsi que la localisation de l’aide dépasse la seule question du transfert des flux financiers et qu’elle ne peut se limiter à être appréhendée sous l’unique angle des données comptables. En effet, le développement des ASI amène fort logiquement à une croissance des effectifs, qui progressent de 28% sur la période de l’étude (voir partie 4.a). Cette hausse est portée par le développement des effectifs salariés, et plus particulièrement des équipes salariées en contrat de droit national des pays récipiendaires, dont le poids a particulièrement augmenté dans la période. Si la transformation est en marche, elle connaît encore des freins liés aux capacités des acteurs et actrices locales à répondre aux exigences administratives et financières, ainsi qu’aux modes de financement et de décaissement des subventions. Si la localisation est vue comme inéluctable par les ASI françaises, elle réinterroge leurs potentielles nouvelles missions dans le futur (rôle d’appui administratif et financier ou de formation, réorientation en France, etc.). 
  • Évolution des modalités d’action : l’incitation aux consortiums L’encouragement par les bailleurs de fonds à répondre sous forme de consortiums à des appels à projets de financements publics apparaît comme renforcé sur la période. Ce mode de contractualisation devient presque un passage obligé pour les grandes et très grandes ASI et leur permet d’intervenir sur des projets multi-pays ou multi-thématiques. Opportunité de mieux répondre aux missions sociales en associant des expertises et compétences complémentaires, les consortiums comportent des enjeux accrus de redevabilité et de suivi administratif qui peuvent être ressentis comme une contrainte par les ASI, et qui a minima demandent des moyens dédiés. Les petites et moyennes ASI sont parfois invitées à participer à des consortiums, dans lesquels elles apportent une expertise métier ou terrain spécifiques. Cela leur permet de développer leurs activités en accédant à du financement public auxquels elles n’auraient pas eu accès seules. S’inscrire dans des consortiums devient une stratégie de développement à part entière pour certaines ASI.
  • Un secteur très concentré : un poids élevé des très grandes ASI qui captent l’essentiel de la croissance sectorielle Une des caractéristiques du secteur est sa très forte concentration. À elles-seules, les neuf très grandes ASI (plus de 50 M€ de budget) captent les trois quarts des ressources. Elles sont motrices dans le développement des ressources du secteur. En effet, si les ressources globales des ASI augmentent de 694M€ sur la période, 85% est attribuable aux très grandes ASI. En conséquence, la lecture des tendances de fond du secteur est très influencée par les comportements des très grandes ASI qui par ailleurs sont, pour huit sur neuf d’entre-elles, des ASI d’action humanitaire. 
  • Structure des ressources de financement : évolution des équilibres entre financements publics et privés / français et internationaux La période 2016-2020 est marquée par deux changements des grands équilibres du secteur, amorcés depuis 2012. Premièrement, les financements publics sont devenus les premières ressources de financement des ASI françaises. L’écart entre ressources privées et publiques, qui avait eu tendance à se resserrer sur la décennie précédente, a été comblé en 2016 où, pour la première fois, les ressources publiques dépassent les ressources privées (51%), tendance qui a continué à s’accroître sur le période pour atteindre 58% en 2020. Dans le même temps, l’écart s’est resserré entre ressources nationales et ressources internationales (publiques et privées). Les premières passent ainsi de 57% en 2016 à 51% en 2020, en quasi équilibre avec les ressources internationales, qui connaissent une forte croissance (+63%). Ce phénomène s’explique principalement par l’évolution des financements publics internationaux obtenus par les ASI françaises auprès de coopérations bilatérales étrangères qui ont été multipliés par deux sur la période.
  • Une hausse rapide des financements publics, notamment bilatéraux, sous l’effet des très grandes ASI Le poids des très grandes ASI sur les tendances sectorielles est particulièrement visible lorsque sont analysés les financements publics internationaux qui représentent, pour elles, plus de 80% des financements publics. Pour l’ensemble des ASI, les fonds publics croissent à un rythme soutenu sur la période (+63%), ils sont constitués à 77% de fonds internationaux, de 16% de fonds français et 8% de fonds de collectivités territoriales. Les coopérations bilatérales étrangères sont devenues l’origine principale des ressources publiques des ASI françaises dans leur globalité. Au titre de ces coopérations, se retrouvent les agences de coopération bilatérales des principaux pays donateurs (États-Unis (USAID), Royaume-Uni (FCDO, ex-DFID), et de manière plus récente, la Suède (SIDA), le Canada, l’Allemagne, l’Irlande, etc.). Ils concernent principalement les grandes et, surtout, les très grandes ASI, car souvent une présence internationale (réseau ou confédération) s’avère déterminante pour accéder à ces dispositifs de financement. À noter également que la croissance des ressources obtenues auprès de ces coopérations bilatérales est spectaculaire (+102%) comparativement à celles des ressources des ASI provenant de l’UE (+32%) ou encore provenant des fonds et des agences de l’Organisation des Nations-Unies (ONU) (+17%). 
  • Des financements privés en croissance, provenant majoritairement de la générosité du public Les ressources privées croissent de 22 %, passant de 778 à953 millions d’euros entre 2016 et 2020. Après une légère baisse en 2018, les années 2019 et 2020 témoignent d’une reprise de la croissance des ressources privées mobilisées par les ASI. La générosité du public est le premier levier de financement privé des ASI françaises (70% en 2020) mais semble avoir tendance à s’essouffler. Ainsi, les acteurs et actrices interrogées témoignent d’une concurrence accrue avec d’autres structures d’intérêt général et d’un enjeu central de notoriété pour accéder aux dons. Cela favorise les grandes et très grandes ASI qui captent 90% des dons et legs. La part de la générosité du public s’amenuise également en raison du dynamisme de développement de la collecte auprès des fondations et du mécénat des entreprises. Si ce dernier reste marginal (moins de 5% des ressources des ASI), il connaît une croissance importante et qui s’accélère en 2019 et 2020.

-Des mutations sectorielles qui transforment les ONG

  • Une tendance au renforcement des moyens pour la recherche de financement La collecte de la générosité du public reste un enjeu majeur pour les ASI françaises, que ce soit dans une optique de financement de leurs missions sociales, de maintien de leur indépendance, ou pour financer leurs missions de plaidoyer. Dans un contexte de saturation du marché du don en France et de concurrence accrue, elles sont tenues de mettre en place des vraies stratégies de collecte et de renforcer les moyens correspondants (investissements en richesses humaines, appel à des prestataires, digitalisation, diversification géographique). Ceci a comme conséquence une augmentation du coût de la recherche de fonds. Cela peut sembler en contradiction avec les éléments chiffrés de l’étude qui montrent une part décroissante des dépenses liées à la collecte de fonds qui passent de 7% à 5%. Ce taux est à remettre en perspective avec les écarts de coût de collecte entre des ressources de programme (subventions publiques nationales ou internationales) et les dépenses inhérentes à la mobilisation de la générosité du public par exemple. En effet, la part croissante des ressources publiques entraîne mécaniquement une baisse des coûts globaux de recherche de fonds, tels que comptabilisés par les ASI.
  • Des équilibres économiques qui restent fragiles En dépit du fort développement constaté, les équilibres économiques restent fragiles. Ainsi en 2020 plus d’une ASI sur cinq présentait des résultats déficitaires (22%) et 26% d’entre elles ont cumulé plus de déficit que d’excédent sur la période. Les très petites ASI semblent les plus fragiles et 27% d’entre-elles ont connu au moins trois ans de déficit sur la période. Par ailleurs, il convient également de resituer la notion d’excédent. En effet, les bénéfices réalisés par les ASI représentent une part minime de leurs ressources totales (0,7% en moyenne sur la période), et ces montants sont intégralement réinvestis dans le projet. La dimension non-lucrative du secteur est ainsi avérée. Cette faible capacité à dégager des excédents fragilise la structure de bilan des ASI, dont un certain nombre a une surface financière limitée, facteur de fragilité dans un contexte de forte croissance. Cela se traduit pour 23% d’entre elles par une situation de trésorerie tendue (17% sont dépendantes de financements bancaires à court-terme). Cela concerne en premier lieu les très grandes ASI qui cumulent faible surface financière et très fort taux de croissance. 
  • Des richesses humaines qui se transforment Les richesses humaines des ASI ont également connu une évolution dans leur composition, avec l’arrivée de nouveaux métiers et le renforcement des fonctions support administratives et financières, pour répondre aux besoins de gestion d’enveloppes de financement toujours plus importantes. Les ASI expriment des difficultés importantes de recrutement et de stabilisation de leurs effectifs, que plusieurs raisons peuvent expliquer : la méconnaissance du secteur pouvant entraîner une réticence, ou au contraire une vision idéalisée qui peut créer des déceptions, enfin un niveau de rémunération peu attractif (sur les fonctions finance et informatique, et sur les profils expérimentés en particulier). La seconde tendance d’évolution des richesses humaines est la difficulté de mobilisation des bénévoles, tendance de fond accentuée par la crise covid. En déclin de 40% sur la période (bien que les modalités de suivi et comptabilisation des bénévoles des ASI aient pu changer entre 2016 et 2020), les bénévoles sont directement impliqués dans la mission sociale pour 50% des ASI, et pour 32% sur des fonctions support ou de gouvernance (respectivement 13% et 19%). Ils jouent donc un rôle clef dans les modèles socio-économiques des ASI, en contribuant directement aux actions de terrain. Les difficultés d’engagement bénévoles sont transverses à l’ensemble du monde associatif. Elles peuvent être accentuées dans les ASI par la très forte professionnalisation des structures (91% des effectifs sont salariés), mais également par un niveau croissant de responsabilité des bénévoles de la gouvernance, confrontés à des situations complexes (relations avec les organismes bailleurs, compliance, sécurité physique des personnes, etc.).
  • Une réinterrogation du rôle des ASI du Nord Les phénomènes de consortium et de localisation de l’aide interrogent le rôle des ASI du nord. Elles constatent une transformation de leurs métiers. Cela touche principalement les grandes ASI, auxquelles les bailleurs de fonds, par le mécanisme des consortiums, délèguent de plus en plus de responsabilité sur la gestion administrative des projets. Conjugué avec la hausse des exigences de ces mêmes bailleurs et la localisation de l’aide, le phénomène a tendance à transformer les ASI en « gestionnaires de financements ».

-Effets de la crise COVID sur les tendances observées

Les données recueillies s’arrêtant en 2020, il est difficile de faire un bilan complet des effets de la crise covid sur les ASI. Il est toutefois constaté un tassement de la croissance en 2020, que ce soit sur les ressources comme sur les effectifs. 

Est également observé un renversement de la progression des ressources publiques internationales, dont la baisse a été compensée par la hausse des financements français (notamment en lien avec les aides exceptionnelles liées à la crise sanitaire). Seules les très petites ASI ont vu leurs financements baisser en 2020. 

L’étude des données individuelles des ASI met en évidence des situations très diverses. Ainsi 47% des ASI de notre échantillon ont connu une baisse de leurs ressources en 2020 ; dont 12% qui ont accusé une diminution supérieure à 20%. A contrario, si les dirigeantes et dirigeants interrogés n’étaient que 14% à considérer avoir connu une hausse de leurs ressources, ils sont en réalité 53% lorsque l’on examine les données comptables transmises ; dont 23% qui ont connu une croissance supérieure à 20%. Cette croissance a le plus souvent été tirée par un accroissement des besoins, notamment pour les ASI d’action humanitaire. Dans ce contexte, les fonctions supports ont connu des grosses surcharges de travail, pour gérer la situation et répondre aux demandes, tant en France que sur les terrains. 

Enfin la crise sanitaire a obligé les ASI, et leurs équipes, à faire preuve d’adaptabilité, pour déployer en urgence des actions nouvelles, et repenser les modes d’action pour faire face à des contraintes fortes de mobilité ou de mobilisation d’organisations partenaires des pays récipiendaires.

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