le 09/08/2018 par Coordination SUD

Une année de campagne sur tous les fronts – Rapport annuel 2017

Le rapport annuel 2017 de Coordination SUD est disponible. Il rend compte des activités et du bilan financier de la plateforme l’an passé. Il a été diffusé aux membres du collectif  lors de l’Assemblée générale du 19 juin 2018.

Comment qualifier l’année qui vient de passer ? L’état de la gouvernance mondiale est piteux avec des airs de « guerre froide » résurgents. Le jeu des puissances a primé, nourrissant le prolongement tragique des conflits syrien ou yéménite. Pas une conférence de paix, pas une seule intermédiation digne de ce nom pour aider à sortir ces pays de ce drame qui dure. Au Yémen, vingt-deux millions de personnes ont un besoin urgent d’aide humanitaire, seize millions n’ont pas accès à l’eau potable et un million sont touchées par le choléra ! Si la capacité de la communauté internationale à régler les conflits dans le monde est en panne, celle de l’indignation également. Les conflits aujourd’hui sont la cause principale des besoins humanitaires dans le monde. Plus de 136 millions de personnes ont besoin d’assistance humanitaire et ce ne sont pas moins de quinze milliards d’euros qui sont nécessaires pour y répondre.

En 2017, nous avons connu un nouveau record de chaleur, après 2014, 2015 et 2016… cela semble devenir la norme. Les efforts des parties depuis 2015 ne sont pas à la hauteur de l’enjeu et l’horloge tourne. L’accroissement de la chaleur sera un démultiplicateur de chacun des facteurs de crise déjà en action.

2017 c’était aussi une année électorale majeure en France. Nous avons porté devant les candidats ces préoccupations et nos attentes en matière de solidarité internationale. L’après campagne a permis à nos appels de trouver un écho.

Dès après l’arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement, nous nous sommes mobilisés avec quelques résultats qu’il convient de noter. Tout d’abord l’engagement du président de la République à atteindre 0,55 % du RNB pour l’aide publique au développement (APD) à l’horizon 2022. Nous avons regretté que l’ambition ne fût pas plus forte pour parvenir enfin au 0,7 %. Toutefois cette annonce marquait deux bonnes nouvelles : la confirmation du redressement entamé in extremis pour 2017 par le gouvernement sortant et la poursuite d’une trajectoire ascendante pour la durée du quinquennat. Mais la quantité de l’aide ne fait pas forcément sa qualité. Aussi, à l’occasion de notre premier rendez-vous avec le président de la République en septembre, nous avons insisté sur l’adoption par la France d’une feuille de route pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD). Nous avons insisté pour que la structure de l’APD française se transforme enfin en inversant l’équilibre prêts/dons en faveur des seconds. Nous avons alerté sur les niveaux iniques de l’aide humanitaire et de celui tout aussi inique de la part d’APD transitant par les ONG.

Depuis ce rendez-vous, notre action s’est amplifiée sur tous les fronts. Publication de plusieurs tribunes, dialogue intense avec les nouveaux.elles parlementaires, première manifestation publique pour défendre les subventions aux ONG, contribution active au Comité interministériel de la coopération internationale et du développement (Cicid) via le Conseil national pour le développement et la solidarité internationale (CNDSI) notamment. Les résultats furent au rendez-vous sur de nombreux points : le gouvernement a décidé de la mise en place d’une feuille de route pour les ODD ; l’engagement vers les 0,55 % a été assorti d’une trajectoire ; la part de l’aide humanitaire devra atteindre 500 000 euros à l’horizon 2022 contre 30 000 aujourd’hui. En outre, la France maintient sa priorité à la santé, redonne priorité à l’éducation, renforce nettement ses engagements pour l’adaptation aux changements climatiques et fait de la question de l’égalité femmes-hommes une priorité majeure. Tout n’y est pour autant pas, aussi devrons-nous rester mobilisé.e.s.

L’année 2017 c’est également le lancement de notre nouveau plan stratégique dont ce rapport rend compte. Je veux noter ici la mise en route essentielle de notre nouvelle commission Migrations. Essentielle pour nous donner une capacité de parole collective dans une atmosphère délétère, où la communication politique a pris le pas sur toute réflexion posée, prenant le risque de piétiner les valeurs fondamentales de notre République comme celles de l’Union européenne. Dans ce domaine, plus qu’aucun autre, la force des faits, des études et des chiffres reste impuissante face à la communication médiatique et aux croyances faciles. Il faut toujours dans notre pays, qu’à des périodes régulières, ce sujet revienne et que la France soit tentée d’instrumentaliser l’APD à des fins de régulation migratoire. Il faudra comme à chaque fois, que nous redisions que l’APD n’a pas pour objet de lutter contre les causes profondes des migrations, mais d’abord contre les causes profondes de la pauvreté ou des inégalités. Il faudra comme à chaque fois que nous redisions que le développement permet la mobilité et la migration et que celle-ci est le plus souvent utile au développement. Il faudra surtout que nous redisions que la complexité des phénomènes doit inviter tout.e décideur.euse sage à faire de la nuance son alliée et de fuir la simplification bêtifiante. Parce qu’il ne faut pas qu’à la tragédie humaine nous ajoutions la bêtise ou l’égoïsme et parce que dans le monde qui est et qui vient, l’acte de solidarité sera un impératif absolu, si nous ne voulons pas ajouter du malheur au malheur.

(rapport moral par Philippe Jahshan, président de Coordination SUD).

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