le 20/04/2011 par Coordination SUD

Renforcer la solidarité internationale face aux crises mondialesNouvelles de SUD - janvier-février 2009

Sous l’effet de la globalisation économique, les inégalités se sont fortement accrues entre le Nord et le Sud tout comme au sein de chaque société. La pauvreté a atteint un tel nombre de personnes que la communauté internationale a fait de sa réduction un objectif pour le nouveau millénaire. Triste bilan pour une fin d’ère supposée de progrès.

Mais à peine ce siècle est-il entamé que surgissent de nouvelles crises qui font oublier la réalité de la pauvreté et des inégalités. La crise énergétique d’abord, qui met à mal le mode de production et de consommation. La crise climatique, certes pas nouvelle mais désormais révélée, qui nous enjoint de réviser notre empreinte écologique et préfigure d’amples migrations liées à la stérilisation des sols. La crise alimentaire ensuite, que l’on peut aussi nommer crise de l’accès à l’alimentation pour les plus pauvres, avec ce saut de 850 à 925 millions et bientôt à un milliard du nombre de personnes souffrant de la faim. Enfin, la bulle financière, dont l’explosion a démontré à l’envi la déconnexion entre économie réelle et économie financière.

On n’oubliera pas, bien sûr, les crises à répétition qui font de l’Afghanistan, de la Somalie, de Gaza les théâtres sordides d’une inhumanité meurtrière. Ni la vaste crise de la gouvernance : décalage entre légalité et légitimité, lenteur ou absence de processus de concertation et de participation aux affaires publiques des organisations de la société civile, dysfonctionnement des administrations, etc.

Au total, un désastre collectif, que le manquement au droit et aux règles aggrave de plus en plus. Les droits humains sont bafoués, les régulations internationales sont inconsistantes vis-à-vis des véritables enjeux globaux. Les alliances internationales, au gré des problèmes à traiter, donnent le tournis.

Les associations de solidarité internationale regroupées au sein de Coordination SUD peuvent-elles proposer des solutions et influer pour que les responsables politiques s’en emparent ? Oui, certainement, et c’est notre responsabilité. A quoi servons-nous en effet, pourquoi avons-nous la confiance de l’opinion publique, si ce n’est pour « bouger les lignes » ? A quoi notre engagement sur le terrain sert-il si ce n’est pour témoigner, proposer des alternatives, assurer une vigilance vis-à-vis des politiques de coopération ?

C’est notre responsabilité, mais nous ne pouvons l’exercer seuls. D’abord, nous devons gagner la mobilisation citoyenne autour de nos engagements. Pour cela, il nous faut rester exemplaires dans nos pratiques et notre gouvernance et trouver les mots qui expriment de façon motivante la solidarité internationale, alors que la crise touche nos propres concitoyens et que le repli sur soi menace partout. Il nous faut travailler sur la qualité de nos actions et améliorer notre façon d’en rendre compte. Ceci nécessite de multiplier les échanges sur nos pratiques, de développer un réflexe de capitalisation collective. Coordination SUD a, dans ce domaine, un rôle déterminant pour l’animation des échanges entre ses membres et le développement d’outils d’aide aux associations de solidarité internationale. Il s’appuiera pour cela sur toutes les dynamiques existantes.

Ensuite, cette responsabilité doit être assumée en alliance avec l’ensemble du monde associatif français concerné par les questions de droits humains, d’environnement, de solidarité nationale. Avec lui, nous devrons élaborer un langage et des enjeux communs. D’autres peuvent s’y associer, le monde syndical, comme le monde de l’entreprise responsable : nous ne pouvons contourner la nécessité d’un dialogue renouvelé avec le monde économique. Et nous devons renforcer aussi notre partenariat existant avec les collectivités territoriales, en matière de coopération décentralisée et pour la sensibilisation de notre opinion publique. C’est à l’évidence aussi avec nos homologues des pays européens et du Sud que nous devons construire des positions « non gouvernementales » et les faire entendre dans les enceintes internationales, où nous avons le devoir de rappeler le droit et de faire valoir des règles équitables qui prennent en compte les intérêts des plus démunis.

Voila le projet que je souhaite porter, avec tous ses membres, pour Coordination SUD. C’est un projet ambitieux qui demande le concours de tous et s’appuie, à travers les collectifs et les adhérents directs, sur notre force collective. Il correspond à notre identité commune, et demande en même temps de rassembler la diversité des engagements, qu’ils ressortissent de l’humanitaire, du développement, des droits de l’homme ou de l’environnement. C’est un projet qui met en avant la capacité d’initiative du mouvement associatif, non pas pour lui-même, mais comme incubateur de politiques publiques. Et c’est un projet qui nous situe comme acteur essentiel sur la scène internationale, à la fois partenaire de nos homologues des pays du Sud et interlocuteur des responsables politiques français, européens et internationaux des politiques de coopération. Il a été largement engagé par Henri Rouillé d’Orfeuil, durant ses six années de présidence. Nous lui devons beaucoup et nous le savons.

Ce projet, nous aurons à le mener ici dans un contexte renouvelé. Certes, notre interlocuteur majeur reste le ministère des Affaires étrangères et européennes et, en son sein, la direction générale de la Mondialisation. Il nous faudra y poursuivre le dialogue politique et investir le futur Conseil stratégique de partenariat avec les ONG, instance promise mais non encore acquise. Mais nous construirons aussi une nouvelle pratique de collaboration avec l’Agence française de développement, instituée comme interlocuteur du partenariat opérationnel avec les ONG. Nul doute que nous y arriverons, au terme d’un apprentissage mutuel, prenant en compte la différence de nos cultures et de nos pratiques. Il reste encore une variable importante. Il s’agit de la mesure pour nos gouvernants de l’importance de l’aide publique au développement (APD) confrontée à « l’intérêt national » en ces temps de crise. Il est très facile et très tentant de mettre sur le compte des crises qui secouent notre pays un désengagement vis-à-vis des pays les plus pauvres. Mais un repli serait inacceptable, car les crises que nous avons évoquées ici sont plus dures et plus durables dans les pays du Sud qu’en Europe et en France. Et il serait suicidaire, tant nos destins sont désormais liés à ceux de l’ensemble de la planète.

Il revient à chacun de nous de faire valoir autour de lui l’importance de la solidarité internationale. Ne faiblissons pas de notre côté dans notre foi en la possibilité de contribuer à la réduction des inégalités.

Jean-Louis Vielajus
Président de Coordination SUD

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