Enquête sommaire sur l’impact de la crise covid-19 sur les budgets 2020 des ONG de solidarité internationale

Tout d’abord, l’enquête montre clairement que les ONG les plus touchées par la crise sanitaire sont ainsi celles que l’on considère comme petites et moyennes ONG (moins de 10 millions d’euros de budget annuel) et dans une moindre mesure, les grandes ONG (entre 10 et 50 millions d’euros de budget). Cela se traduit à la fois dans une baisse de plusieurs types de ressources et dans des difficultés à mettre en place les projets tels qu’ils étaient envisagés sur 2020. Les très grandes ONG (plus de 50 millions d’euros de budget) semblent plus épargnées. Cette situation s’explique principalement le fait que les baisses de ressources liées à des projets arrêtés ou suspendus à cause de la crise ont été compensées par des ressources acquises pour de nouveaux projets, répondant eux aussi à de nouveaux besoins liés à la crise sanitaire.
Par ailleurs, l’enquête montre que, parmi toutes les ressources dont disposent les ONG, ce sont les ressources publiques qui ont été le plus touchées par des diminutions, et particulièrement chez les petites et moyennes ONG. Cela s’explique principalement par le fait que nombre de projets prévus en 2020 et financés par les ressources publiques ont été suspendus ou décalés, en termes de programmation d’activités, à 2021 voire 2022. Il n’est pas cependant pas certain que la situation permette un redémarrage rapide de ces projets, ce qui laisse craindre des conséquences plus importantes à moyen et long-terme, les ONG risquant de ne pas être capacité de respecter les engagements pris sur des projets financés en 2020, faute de pouvoir les relancer. Et l’enquête montre également une baisse significative, pour plusieurs ONG des ressources privées institutionnelles, liée là-aussi à la situation sanitaire. Seules les ressources à la générosité du public semblent in fine relativement épargnées en 2020.
Ainsi, l’enquête montre que si la plupart des structures ont été moins touchées que craint par la crise sanitaire, celles qui l’ont été, l’ont été de manière relativement conséquente.
Les dispositifs mis en place par l’État ont dans l’ensemble plutôt fonctionné
En particulier le dispositif de chômage partiel a été très sollicité. Certaines ONG, du fait de leur situation particulière (en termes de modèles économiques, en termes de thématiques ou de projets d’intervention, etc.) n’ont en revanche pu mobiliser les dispositifs existants, car ils n’étaient pas adaptés. Et ce sont généralement celles qui ont par ailleurs rencontré le plus de difficultés sur leurs ressources, aggravant ainsi leur situation financière à court et moyen-terme. Par ailleurs, au-delà de ces dispositifs, ce sont surtout les capacités de souplesse et d’adaptation des bailleurs, en particuliers publics, qui ont facilité la résilience des ONG face à la crise.
Un avenir qui semble incertain
L’enquête montre ainsi clairement que l’impact de la crise risque d’être durable, et qu’il est à craindre un certain effet de « décompensation », dans les mois et années à venir :
- D’une part, parce qu’il n’est pas sûr que les projets puissent reprendre facilement et rapidement, ce qui fragilise les ONG en matière d’engagements vis-à-vis de leurs bailleurs (sur la mise en place des projets ou la levée de cofinancement), de couverture de leurs frais de structure et de trésorerie ;
- D’autre part, si les dispositifs mis en place par les pouvoirs sont suspendus brutalement ou ne sont pas remplacés par des dispositifs adaptés, au moins à l’horizon 2022.
- Enfin il faut garder en mémoire que la crise n’est pas terminée et qu’elle continuera à perturber les organisations, au moins à l’horizon 2022
Nos recommandations
Au regard de ces conclusions, nous proposons ainsi cinq pistes d’action permettant aux ONG de continuer à faire face à la crise et à ses effets
Inscrire les dispositifs nationaux d’appui et d’aide dans la durée (principalement le chômage partiel, très sollicité par les ONG les plus touchées par la crise), au moins à l’horizon 2022, afin d’éviter tout effet brutal de décompensation pour les ONG
Continuer de proposer des modalités de gestion adaptées et souples en 2021 et 2022 dans la mise en œuvre des projets par les ONG, en particulier les projets financés par les bailleurs publics (tel que l’AMI 2021 de l’AFD) : facilitation ou augmentation des critères de fongibilité de certaines catégories de dépenses ainsi que les taux de co-financements autorisés, etc.
Construire et proposer de nouvelles modalités d’appui et d’accompagnement pour les ONG, notamment les petites et moyennes ONG, qui auront été les plus durement touchées par la crise : augmentation du taux de co-financement des bailleurs publics pour les ONG, en particulier sur les petits projets, fond de sauvegarde/soutien spécifique pour les ONG en péril, etc.
Affiner l’appréciation de l’impact de la crise sanitaire sur les ressources des ONG, en s’appuyant sur la nouvelle édition de l’étude Argent/ASI sur les modèles socio-économiques des ONG, en particulier à moyen et long-terme, avant de transformer ou suspendre les dispositifs d’appui ;
Intégrer les apprentissages de cette crise en matière de gestion de projet, en concertation avec les ONG, notamment dans les évolutions possibles des dispositifs de financements qui leurs sont dédiés.
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